Vers un enseignement coopératif et adapté à chaque enfant
Par Elise Willame le 4 mai 2018, 11h19 - Lien permanent
Le rôle de l’école est de former des citoyen·nes autonomes, responsables, entreprenant·e·s, créatifs·ves et heureux·ses. Le marché du travail est en perpétuelle transformation. Nous ne connaissons pas les métiers de demain. L’enjeu est donc avant toute chose de transmettre aux enfants la capacité et le plaisir de chercher, explorer, se tromper, inventer et apprendre toute leur vie. L’école est aussi un miroir de la société. Plutôt que d’en reproduire les inégalités profondes, elle peut être le lieu du développement de valeurs et de pratiques qui sont la base de la société que nous voulons. Une société démocratique qui met en avant l’empathie, l’entraide, l’esprit critique, la collaboration, l’égalité et la durabilité. J'en suis persuadé, sans un soutien structurel aux écoles, les inégalités déjà trop présentes continueront de se creuser. C’est vers un enseignement coopératif et adapté à chaque enfant que nous devons évoluer.
Chez ECOLO, notre horizon est réaliste mais ambitieux pour l’école. Il se décline aux travers de 5 priorités cohérentes. Leur point commun réside dans la notion de “transition pédagogique” : la transformation de l'école passera par des initiatives portées par les acteurs locaux. Ces 5 politiques publiques s'appuient sur des projets de terrain innovants existants pour les soutenir et aider à leur généralisation progressive au sein du système scolaire. Par ailleurs, cette transition aura l’avantage de remettre les enfants au centre des priorités et des apprentissages. En tant qu’acteur de leur futur, ils seront ainsi davantage impliqués dans leur parcours scolaire.
Tout d'abord, il faut multiplier les collaboration à tous les niveaux (entre élèves, entre profs et élèves, entre profs, avec l'extérieur). Bien plus efficace que la compétition pour faire émerger les compétences de tous les enfants, la collaboration a pour effet une école plus juste et donc une société plus juste. Elle est bénéfique à tous les élèves, qu'ils soient favorisés au moins favorisés et permet de développer de nouvelles compétences auprès des élèves, luttant ainsi contre leur ennui. Elle correspond bien mieux au 21e siècle que le modèle pyramidal classique.
Ensuite, il faut repenser l'environnement d'apprentissage des élèves. Parce qu’il est de notre devoir de placer chaque enfant, et en particulier les enfants les plus défavorisés, dans les meilleures conditions d'apprentissage possibles (bruit, sanitaires, accès à la nature, qualité de l'air, cantine de qualité...), il faut soutenir les écoles dans leur réaménagement. Rarement prioritaires, ces investissements influent pourtant positivement la réussite des élèves et leurs capacités cognitives.
Une revalorisation du “jardin d'enfants” est à mettre à l'agenda. C'est dans les premières années que tout se joue. Quand on construit un édifice, on commence par ses fondations. Si l'on veut garantir à tous les enfants de s'épanouir, il faut donc accueillir tous les enfants en maternelles. Mais il faut aussi leur offrir un accueil de qualité qui leur permette, par le jeu et en respectant leur statut d'enfant, d'acquérir les bases sociales et langagières nécessaires à l’appréhension des connaissances formelles futures. Ce n'est que dans ces conditions qu'on peut espérer pouvoir mettre un terme aux inégalités reproduites par notre système scolaire.
La transition pédagogique passe aussi par un meilleur respect des rythmes des enfants. Les enfants du 21e siècles sont, comme leurs parents, sous pression. Que l'on parle du rythme de leur développement, du respect des horaires, de la réussite aux épreuves standardisées, ou de leur adaptation aux horaires flexibles de leurs parents, les enfants s'adaptent. Bien souvent l'école est d'ailleurs plus organisée en fonction de contraintes extérieures que de celles liées au meilleur rythme d'apprentissage des enfants. C’est au détriment de leur santé physique et mentale et de leurs capacités cognitives. A nouveau, nous proposons de mieux tenir compte de ceux-ci pour mettre chaque enfant dans les meilleures conditions d'apprentissage.
Enfin, il faudra s’appuyer sur la transition numérique. En conséquence, l'école doit et va changer. Son monopole (unité de temps et de lieu) de l'apprentissage s'effrite considérablement, qu'on le veuille ou non, et les élèves l'ont d'ailleurs déjà bien compris. La transition est en cours, avec ses dangers, mais aussi de formidables et passionnantes potentialités, que certaines écoles saisissent déjà.
Ces 5 priorités visent donc à mettre chaque enfant, quel que soit son milieu social ou culturel d'origine, dans les meilleures conditions d'apprentissage possible et à inscrire notre école dans le 21e siècle. Elles doivent se traduire par des réformes encourageant toutes les écoles à aller dans ce sens, dans un mouvement de “transition pédagogique”. Aucune école ne doit être laissée sur le côté et c'est le devoir des pouvoirs publics de s'assurer qu'aucun élève, aucune classe, aucun établissement ne restent sur le bord du chemin. Ce qui nécessitera de sensibiliser et former tous les acteurs du système scolaire.
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